
Port-au-Prince, 15 avril 2025 — Dans une rare démarche d’enquête sur les liens entre figures publiques et organisations criminelles, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a soumis au parquet de Port-au-Prince un volumineux rapport accusant l’ex-directrice du SNGRS, Magalie Habitant, et plusieurs personnalités politiques et policières d’implication présumée dans des activités criminelles. Ce rapport, salué avec réserve par la Fondasyon Je Klere (FJKL), jette une lumière crue sur les connexions présumées entre des acteurs de l’État et la coalition de gangs « Viv Ansanm ».
Selon la DCPJ, Magalie Habitant entretiendrait des liens étroits avec plusieurs chefs de gangs, notamment Kempès Sanon, Ezéchiel Alexandre, et Jimmy Chérizier alias Barbecue. Des échanges WhatsApp, des transferts d’argent, ainsi que l’implication présumée d’institutions publiques comme la Caisse d’Assistance Sociale (CAS) dans le financement des gangs ont été mis en évidence. L’enquête fait également état de trafic d’armes au sein même de la police nationale, impliquant plusieurs agents et hauts gradés.
Toutefois, la FJKL, tout en saluant l’effort de la DCPJ, met en garde contre des manquements graves : inclusion d’allégations non étayées, tentatives apparentes de manipulation de l’enquête à des fins politiques, et traitement différencié selon les personnes impliquées. Le cas du directeur central de la police administrative, Alain Auguste, cité sans preuve solide, contraste avec l’omission du nom d’un homme d’affaires accusé de financement du terrorisme.
Alors que plusieurs suspects ont été renvoyés au cabinet d’instruction, la FJKL appelle à une enquête approfondie et impartiale. Cette affaire, emblématique de la lutte contre l’impunité, pourrait marquer un tournant si elle est menée avec rigueur et transparence.