
PORT-AU-PRINCE -Dans un rapport préliminaire sans concession, la Ligue Haïtienne de Défense des Droits Humains (LHDDH) dresse un bilan sombre du secteur bancaire national. Entre mépris de la clientèle, insécurité programmée et restrictions monétaires arbitraires, l’organisme dénonce une violation systématique des droits économiques des citoyens.
Depuis le séisme dévastateur de 2010, le secteur bancaire haïtien semble s’être engagé dans une spirale de dégradation dont les clients sont les premières victimes. C’est le constat cinglant de la Ligue Haïtienne de Défense des Droits Humains (LHDDH). Dans son dernier rapport, l’organisation pointe du doigt des pratiques qu’elle qualifie d’« arbitraires » et de « contraires à la dignité humaine ».
Le calvaire du trottoir : une sécurité bafouée
L’un des points les plus critiques soulevés par la LHDDH concerne la gestion des flux de clients. Autrefois accueillis à l’intérieur des succursales, les usagers sont désormais contraints de former de longues files d’attente sur la voie publique.
Sous un soleil de plomb ou sous la pluie, ces citoyens se retrouvent livrés à eux-mêmes. Mais au-delà de l’inconfort, c’est l’insécurité qui inquiète : en attendant sur le trottoir, les clients deviennent des cibles faciles pour les groupes armés. Cette stratégie d’entrée « au compte-gouttes » est perçue par l’organisme comme une forme de mépris flagrant pour la sécurité et la vie des déposants.
Le paradoxe du dollar : déposer est facile, retirer est un défi
Le rapport met également en lumière une gestion monétaire jugée abusive. Alors que les banques acceptent sans sourciller les dépôts en dollars américains, l’accès à ces mêmes fonds est devenu un parcours du combattant.
S’appuyant sur la circulaire 114-1 de la Banque de la République d’Haïti (BRH), les institutions imposent des restrictions de retrait qui étranglent les commerçants et les particuliers. Dans une économie largement dollarisée pour les transactions importantes, ces limitations aggravent la précarité financière des ménages et freinent l’activité économique.
Un appel urgent à la régulation
La LHDDH ne se contente pas de dénoncer ; elle interpelle directement l’État. Face aux tensions croissantes dans les banques, où les altercations entre clients épuisés et agents de sécurité deviennent monnaie courante, l’organisation appelle à une intervention immédiate des autorités de régulation.
« Le service bancaire n’est pas une faveur, c’est un droit », rappelle en substance le rapport. Pour la Ligue, il est impératif que la BRH sorte de son mutisme pour exiger des banques commerciales un accueil décent, une transparence dans les transactions et, surtout, le respect de la dignité de chaque Haïtien.

